Le 24 juillet une nouvelle famille ukrainienne, la famille Dibrov, a été accueillie dans l’appartement aménagé en sous-sol de la Maison du Châtelain.  A notre demande, Anastasia (31 ans), Illia (32 ans) et leur fille Taisia (12 ans), qui nous viennent de la région de Donetsk,  ont accepté de nous raconter leurs péripéties avec quelques photos. Les commentaires sont inutiles, les mots parlent d’eux-mêmes.

Bonjour,
Nous sommes la famille Dibrov et souhaiterions vous raconter comment nous nous  sommes retrouvés en Belgique. Nous venons d’un pays magnifique et amical, l’Ukraine. Nous vivions dans la ville de Yasinovataya jusqu’au début de la guerre sur nos terres. La ville est aujourd’hui constamment bombardée jour et nuit. Malheureusement, des gens souffrent et meurent, y compris des femmes et des enfants, des maisons ordinaires sont détruites.
               Ayant vécu toute l’horreur de cette guerre, nous pouvons dire avec certitude que la guerre est l’enfer sur terre, et la guerre est encore plus terrible que l’enfer. Quand on court dans la rue avec un enfant dans les bras, que les bombes sifflent aux oreilles et tombent en même temps, mettant le feu à toutes les maisons, avec dans les oreilles le cri déchirant des blessés tout autour, c’est une émotion de peur indescriptible. Après de telles expériences, il devient évident de fuir vers un autre pays, pour sauver la vie de son enfant. Parce que ce n’était pas sûr de rester ici et que chaque jour pouvait être le dernier à vivre. Mon grand-père a été tué par une bombe alors qu’il était aller acheter du pain.
               Nous avons ramassé l’argent qui nous restait et nos documents importants. Les balles sifflaient et les bombes tombaient quand nous nous sommes enfuis. Peu de vêtements. Comme nous quittions le territoire occupé, nous ne pouvions pas traverser l’Ukraine vers l’Europe, puisque c’était la ligne de front avec des hostilités actives. Pour cette raison, nous avons été obligés de voyager à travers la Russie jusqu’à la ville de Pskov, située à la frontière avec l’Estonie. Jusqu’à ce que ma famille et moi traversions cette frontière, nous ne nous sentions pas en sécurité. D’Estonie, le même jour, nous sommes arrivés dans la ville d’Auksne, une petite ville de Lettonie. Nous y avons passé la nuit et le lendemain nous sommes allés à la ville de Liepaja pour attendre un ferry pour l’Allemagne pendant deux jours. Nous avons voyagé en ferry à travers la mer Baltique jusqu’en Allemagne. En Allemagne, nous avons passé la nuit dans un camp de réfugiés de la Croix-Rouge. Le lendemain, nous avons pu effectuer notre transfert vers la Belgique. Des volontaires nous ont aidés à organiser un voyage de la frontière estonienne vers la Belgique.
                En Belgique, nous avons vécu pendant trois semaines dans un camp de la Croix-Rouge, où nous avons été nourris et avons pu dormir dans des lits. Nous sommes très reconnaissants à la Croix-Rouge et aux bénévoles pour leur aide. Nous avons quitté notre maison en Ukraine il y a un mois. Nous sommes très reconnaissants à Luc et la Fraternelle des parachutistes pour leur aide et le beau logement qu’ils nous offrent. Nous vous disons beaucoup merci.